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Libération

L'Internet reste hors loi

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La principale source de musique copiée n'est pas concernée.
publié le 12 novembre 2003 à 1h50

Le projet de loi sur le droit d'auteur du gouvernement Raffarin va limiter le droit, jusque-là reconnu à tout un chacun, de copier ses propres disques. Mais va-t-il au moins mettre un terme aux «risques importants de contrefaçon» provoqués par «le développement très rapide des technologies de traitement numérique de l'information», comme il s'en réclame dans l'exposé des motifs? Sans doute pas, tant la principale source de musique copiée aujourd'hui provient de l'Internet, et non pas en direct de CD gravés par les utilisateurs chez eux. Tant que Kazaa, e-Donkey et autres systèmes d'échange gratuit de fichiers appelés «pair-à-pair» (P2P) existent et drainent des millions d'utilisateurs, le gouvernement et les producteurs peuvent barder les galettes de tous les verrous anticopie qu'ils veulent, la piraterie se portera bien.

«Ce texte n'apporte rien, la fuite est sur le P2P et là on n'y peut rien», reconnaît un proche du gouvernement. C'est la conséquence même du mode de fonctionnement des systèmes de P2P. Tous les utilisateurs de Kazaa mettent en partage des fichiers musicaux via le Net : il suffit donc qu'un seul d'entre eux dispose d'une version non verrouillée d'une chanson pour que celle-ci soit dupliquée à l'infini par tous les internautes intéressés. Or aucun dispositif anticopie n'est efficace à 100 %. Un seul exemple : même protégé contre la copie, le dernier Massive Attack est disponible intégralement sur Kazaa et les autres.

Pour les producteurs, le P2P est un cauchema