Rüsselsheim (Allemagne)
envoyée spéciale
Cela devait être une simple visite d'usine. Depuis lundi matin, 3 500 ouvriers du site de Rüsselsheim, berceau du groupe fondé par Adam Opel en 1862, ne travaillent plus 35 heures par semaine, mais 30 heures payées 32,6. Une mesure justifiée par la baisse des ventes. «Vous verrez, avait promis Erich Kupfer, porte-parole de Opel, les salariés ont bien accepté cette décision.» La visite des chaînes de montage ultramodernes d'où sortent les Vectra, Vectra Caravan et Signum a pourtant failli tourner au pugilat. Choisi par la direction pour parler à la presse, Rüdiger Steyer, la trentaine bonhomme, sort de la chaîne de montage pour donner son avis. «C'étaient les 30 heures ou le licenciement de 1 200 personnes, alors on a choisi la réduction du temps de travail, explique-t-il philosophe. Bien sûr, cela n'est pas facile d'annoncer à nos familles, deux mois avant Noël, qu'on va perdre 85 euros par mois. Cependant, c'est une question de solidarité. Tout le monde doit faire un effort. Dans les étages de direction, le personnel a renoncé à deux jours de congé, et travaille trois heures de plus par mois. Nous, on perd un peu d'argent, mais on garde nos jobs.» Leçon bien récitée. Néanmoins, 85 euros sur un salaire mensuel de 2 526 euros pour un ouvrier qualifié, ce n'est pas forcément une paille.
Les trois-huit. Trois mètres plus loin, un autre ouvrier est nettement moins enthousiaste : «Moi j'attends de voir ma feuille de paye.» Grand brun moustach