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Libération

Un patron contre la ghettoïsation

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Jérôme Adam, non-voyant, a créé une société de développement de logiciels.
publié le 17 novembre 2003 à 1h55

«La première difficulté, c'est le regard des autres. Dans le handicap, les gens voient d'abord une incapacité. A Sciences-Po, le prof de sport m'avait dispensé d'office, j'ai dû aller convaincre la direction pour participer aux cours.» Aveugle depuis l'âge de 15 ans suite à une tumeur au cerveau, Jérôme Adam a monté sa propre entreprise. En 2000, avec deux associés, dont un autre malvoyant, il crée la société Visual Friendly et développe le logiciel Label Vue, qui améliore l'accessibilité des aveugles et des malvoyants à l'Internet. Aucun aménagement particulier ne distingue ses bureaux situés dans un immeuble moderne du XIVe arrondissement de Paris, près d'Alésia. Si ce n'est un ordinateur équipé d'un clavier en braille et d'une aide vocale. Pour le reste, Jérôme Adam circule dans ses locaux avec la même aisance que s'il voyait, arborant pull et pantalon ordinaires plutôt qu'un costard-cravate. Le studieux jeune homme de 26 ans offre l'image d'un patron décontracté mais bosseur.

Aujourd'hui, Visual Friendly emploie quatorze personnes, dont deux handicapées. «Nous espérons en recruter davantage mais nous tablons avant tout sur la compétence. L'entreprise n'est pas là pour faire une bonne action, affirme le jeune PDG. A compétences égales, je privilégie le candidat handicapé. On peut supposer qu'il est doté d'une énergie supplémentaire et ne va pas s'écrouler à la première difficulté. En faisant la démarche de chercher un emploi, il prouve qu'il a dépassé son handicap.» Jérôme