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Libération

Un nouvel objectif : la rentabilité

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Pour les dirigeants de la SNCF, le fret «n'est pas un service public».
publié le 20 novembre 2003 à 1h58

Une petite révolution. Le «plan fret», présenté hier par la SNCF, prend l'exact contre-pied de la vision du fret développée ces dernières années par les politiques et relayée au sein de l'entreprise ferroviaire. En son temps, le précédent ministre des Transports, Jean-Claude Gayssot, avait lancé une campagne de promotion du fret ferroviaire auprès de l'opinion. Avec un objectif censé frapper les imaginations : le doublement du trafic en dix ans, pour reprendre des parts de marché à la route. Une politique de volume à tout prix que le responsable du fret SNCF de l'époque, Francis Rol-Tanguy, ex-directeur du cabinet de Gayssot ­ viré lors de l'arrivée de la droite aux manettes ­ a dû assumer, au moins en discours, même si les dirigeants jasaient en privé sur les délires du ministre. De fait, Gayssot a réussi à faire du fret ferroviaire, estampillé «transport propre», un enjeu de société contre le «tout-camion»; mais, dans le même temps, l'activité n'a pas su progresser et ses finances ont viré à l'écarlate.

Aujourd'hui, les langues sont déliées pour moquer une vision faisant fi des réalités économiques. «Raisonner en seul volume, cela fait plaisir aux politiques, mais ça plombe les comptes de la boîte», assène Guillaume Pépy, numéro 2 de la SNCF, qui note que «l'augmentation du volume de fret transporté en 2000 (+ 10 %) n'a guère permis de retrouver l'équilibre financier. L'activité fret représente cette année 15 % de notre chiffre d'affaires et... 200 % des pertes de la SNCF».