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Libération

«C'est ce qu'on appelle du manque de plot!»

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publié le 24 novembre 2003 à 2h01

Conseil de prud'hommes de Paris

audience des référés

Elle porte un long manteau de laine blanche, une écharpe assortie. Claude a la quarantaine, une petite voix hésitante. Le président l'encourage, paternel. «Alors, mademoiselle, dites-nous...» Elle prend son souffle : «J'ai été embauchée en CDD pour remplacer un congé maternité dans la société Beausoleil Lunettes. J'avais une voiture de service, une Renault Espace. Et j'ai eu un accrochage par ma faute.» La voix s'emballe. «Un accrochage que j'ai provoqué malgré les conseils de M. Beausoleil qui m'avait interdit d'entrer dans l'hôtel particulier. Ils ont retenu mon salaire pour payer les réparations. Mais la voiture est assurée tous risques. C'est l'assurance qui devrait payer.» A sa gauche se tient son patron. Un homme en costume, allure jeune et sportive. Le président le regarde d'un air sévère. «Alors, monsieur, on retient des salaires ?» Il se racle la gorge. «Hum... D'abord, je tiens à préciser que nous avons eu une collaboration fructueuse, que nous avons même envisagé de retravailler ensemble. Seulement voilà. Il ne s'agit pas d'un incident, mais de trois.» Il parle en baissant les yeux, d'un ton fataliste. «Le premier dans un porche d'un hôtel particulier où j'avais dit à Claude : "Ne prenez pas le porche." J'arrive au rendez-vous à pied : Claude était bloquée dans le porche. Le deuxième : Claude s'était garée derrière un plot. En repartant, elle avait oublié le plot, elle est rentrée dans le plot.» Le président est h