Montpellier, Melun envoyée spéciale
«On accélère ! On ne perd pas la cible des yeux ! C'est un combat. Faut de l'agressivité !» Ballotté sur le siège passager, un homme d'une quarantaine d'années s'époumone. Le conducteur a les mains crispées sur le volant. Manuel, 32 ans, est étudiant à l'Institut de formation d'agents de recherche (Ifar), à Montpellier. Son passager si énergique est son professeur, Jean-Christophe Aru, détective en exercice. Dans la voiture filée : Yves Conversano, directeur de l'Ifar. Jean-Christophe Aru poursuit ses conseils. «Il faut se mettre dans la tête de l'autre. Est-ce que c'est un nerveux, un distrait ? Attention, il met son clignotant.» L'élève actionne le sien. «Non, pas vous ! Voir sans être vu ! Vous continuez sur votre file et au dernier moment : vous tournez !» La voiture «cible» se gare sur un parking. Jean-Christophe Aru, à mi-voix : «C'est peut-être un échange de documents. Deux options : on reste dans la voiture pour reprendre la filature. Ou on s'éjecte pour une photo. Alors ? On tente le drop ?»
«Détroncher». Quelques minutes plus tard, les élèves de l'Ifar sont sur le parking d'une zone commerciale pour «débriefer». Ils sont 13 dont 6 filles de 23 à 38 ans, niveau bac + 2 minimum. Ils ont été sélectionnés, d'après Yves Conversano, parmi «des centaines de candidatures». Après 700 heures de cours (une année scolaire), ils seront placés en stage dans des cabinets, prêts à l'embauche. Total look noir veste, jean, polo , bras croisés