Du travail de pros. Impeccablement regroupés par fédérations départementales, agencés selon des couleurs bien distinctes et soigneusement encadrés par les gros bras de deux sociétés de sécurité privées, 20 000 buralistes (13 000, selon la police) ont défilé dans Paris, hier après-midi, entre Denfert-Rochereau et l'Ecole militaire. Objectif : mettre la pression pour négocier l'étalement, voire la suppression, de la prochaine hausse de 20 % du prix du tabac, prévue en janvier. Entre angoisses sécuritaires devant la contrebande et les risques supposés de braquage («Le tabac au comptoir, pas sur le trottoir»), ritournelles contre la fiscalité («Etat = mafia», «L'Etat et ses taxes... le cancer de la France») et, surtout, menaces électorales et vindicte dirigée contre le gouvernement. «Raffarin démission», «Rendez-vous aux régionales», clamaient nombre de pancartes des débitants, traditionnels clients de l'actuelle majorité. Mais qui ne devraient plus le demeurer.
Pierre, 55 ans, est venu de Marseille. Il y tient un tabac à la Plaine, dans le centre-ville. «Les gens viennent vendre de la cigarette sur le trottoir, au marché, partout», explose-t-il, évoquant une contrebande très visible dans sa ville. Sa voisine Martine intervient, d'autorité : «J'ai voté pour le gouvernement, c'est fini !» Pierre opine : «On a changé d'avis. Et on fera changer d'avis nos clients...» Un peu plus loin, vers le métro Duroc, devant un barrage de police, des manifestants, pouce levé en direction des CRS