Des députés (de droite) peuvent-ils s'en prendre aux plus grands patrons français (pas vraiment à gauche) en votant une loi sur leurs rémunérations ? Réponse (attendue) : non, ou vraiment à la marge. Les réseaux d'amitié en commun et les intérêts partagés ont eu raison des bonnes intentions de quelques-uns. La mission sur le droit des sociétés n'annoncera aujourd'hui que quelques réformettes (lire ci-contre), comme un léger accroissement de la transparence, pour mettre fin aux abus des principaux PDG du CAC 40. «La montagne n'a même pas accouché d'une souris», ironise Arnaud Montebourg, député socialiste membre de la mission.
Preuve supplémentaire du malaise de la droite sur le sujet, la polémique ouverte entre deux députés UMP : Alain Marsaud et Pascal Clément, le président de la mission. Marsaud avait déclaré dimanche qu'une proposition de loi sur le salaire des patrons devrait être déposée «avant la fin de l'année», évoquant la possibilité de voter en assemblée générale sur le salaire des PDG. Clément a publié hier un communiqué cinglant où il «déplore la diffusion et la publication, par son collègue Marsaud, d'informations partielles, voire fausses, sur des préconisations, encore au stade de projets».
Lobby du Medef. La passe d'armes est révélatrice des pressions patronales. Les lobbies du Medef et de l'Association française des entreprises privées (Afep) font tout ce qu'ils peuvent pour que rien de concret ne sorte de la mission. Avec un objectif : contrecarrer Marsaud. C