Après une dizaine d'années de glaciation, l'industrie française du nucléaire sort du dégel. Le choix finlandais, en octobre, pour le nouveau réacteur franco-allemand EPR (European pressurized water reactor), puis la confirmation, en novembre, par Nicole Fontaine, la ministre déléguée à l'Industrie, de la construction en France d'un réacteur du même type, avaient déblayé le terrain. Hier, avec l'aval du gouvernement, Anne Lauvergeon, PDG d'Areva, le leader mondial du nucléaire, a cette fois annoncé dans le Monde un investissement de 3 milliards d'euros, entre 2007 et 2016, pour la construction d'une nouvelle usine d'enrichissement d'uranium, en remplacement de l'actuelle usine d'Eurodif (consortium européen d'enrichissement de l'uranium), qui doit fermer ses portes en 2012.
Pour ce faire, le groupe public français, qui contrôle à la fois les activités de construction de centrales (Framatome) et de gestion du combustible (Cogema), a choisi d'aller acheter la technologie, dite de la centrifugation, à son concurrent Urenco (Allemagne, Pays-Bas et Grande-Bretagne). Une filiale, détenue à parité par les deux groupes, aura la charge de construire la nouvelle usine sur le site d'Eurodif, au Tricastin. Mais Areva s'est gardé de révéler le montant du chèque qu'il a dû signer.
Cette avalanche de bonnes nouvelles pour le lobby nucléaire laisse songeur. Serait-ce un simple effet de calendrier ou les dividendes d'un lobbying auprès d'un gouvernement tout acquis à la cause nucléaire ? Certes