Thierry Lepaon, responsable CGT à Caen, accusé d'avoir molesté un huissier.
«Pour bien balayer l'escalier, il faut commencer par le haut», cite Thierry Lepaon. «C'est de Marx. C'est ce que font les patrons en poursuivant les leaders syndicaux pour démoraliser les salariés. Dans mon cas, l'affaire a traîné deux ans, devant le juge d'instruction et en correctionnelle. Pour finir par une relaxe.» Un soir de juillet 2001, Thierry Lepaon, alors responsable de la CGT de Caen, rejoint les filles de l'entreprise agroalimentaire IAM Pescanova. Elles viennent d'apprendre la liquidation de leur entreprise et tiennent une réunion dans le local syndical. L'employeur, accompagné d'un huissier, pénètre dans le local, ce que le code du travail leur interdit en principe, et veut imposer une réunion du CE pour valider la liquidation de l'entreprise. En vain.
Quelques mois plus tard, l'huissier porte plainte contre Thierry Lepaon pour violence et voie de fait. Il l'accuse de l'avoir repoussé violemment hors du local. «A ma première convocation, j'ai passé quatre heures devant le juge d'instruction. Comme un bandit : nom du père, âge, profession... J'ai su plus tard que j'avais été suivi pendant plusieurs jours par des policiers. Qu'ils avaient vérifié que j'étais bien marié, père de trois enfants...»
Pendant deux ans, jusqu'à l'ouverture de son procès, Thierry Lepaon se sent comme un «accusé permanent». «Je devais demander une autorisation pour sortir du territoire. J'ai été convoqué trois fois c