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Libération

Les ordures se ramassent à la pince

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publié le 1er décembre 2003 à 2h09

Hassen, 59 ans, est agent d'entretien dans une cité HLM d'Ile-de-France.

«Je ramasse des saletés avec une pince. Toute la journée, je marche entre les tours et je ramasse. Papiers, mégots, canettes, ça, c'est les classiques. Mais il y a aussi des sacs, des chaussures, des slips, des casseroles... Dès que les gens ne veulent plus d'une chose, hop, par la fenêtre. Vous n'imaginez pas tout ce qu'ils balancent : il y a plus d'ordures sur les pelouses que dans les poubelles. J'ai un collègue qui râle. Moi, je ne me plains pas. S'ils ne jetaient pas tout ça, je n'aurais plus de boulot. Alors, allez-y, jetez !

«Je travaille six heures par jour, tous les jours sauf le dimanche. J'ai essayé d'avoir mon samedi, on m'a dit : "C'est impossible. Trop de choses passent par la fenêtre, on ne peut pas laisser le site sans nettoyer deux jours d'affilée." Le matin, j'arrive à 8 heures. En tenue, car on n'a pas de vestiaires. Les femmes qui nettoient les escaliers se changent dans le local à poubelles. On ramasse un peu à la pince, mais surtout avec les mains. On a des gants taille 48: tu mets la main, hop, elle ressort. Le plus dur, c'est de se baisser sans arrêt. Le soir, à la maison, je reste allongé. J'ai trop mal au dos.

«Le chef passe de temps en temps pour nous surveiller. Mais, à la limite, il n'a pas besoin de venir. Le gardien et les locataires lui font leur rapport tous les jours. Derrière chaque fenêtre, il y a un espion. Un jour, un habitant a dit que je n'étais pas venu un samedi. I