Genève envoyé spécial
Les couloirs de l'OMC, ces jours-ci, ça tient à peu de chose. Une réunion technique par-là, une mission «sur le terrain» par-ci, des discussions feutrées partout. Une sorte d'encéphalogramme plat. Soudain, on peut tomber sur un coup de gueule d'un haut fonctionnaire : «Il y a deux écoles chez nous : les optimistes qui pensent qu'on va recoller les morceaux. Les lucides, comme moi, qui ne sont pas zen et pensent qu'on est très mal.»
Cactus d'honneur. La crise existentielle saisit-elle l'auguste maison ? «Non ! Mais c'est gonflant de jouer les phoenix et de tenter de renaître à chaque fois de nos cendres», souffle, exaspéré, un des cadres du secrétariat. «On patine sec, ajoute un autre, et pas sûr qu'on avance beaucoup avant début 2005.» On se console comme on peut. «Aucun Etat n'a appelé à notre mort», résume un fonctionnaire. «Seattle, oui, c'était un désastre, ajoute un «techno». La préparation avait été nulle. A Cancun, c'était différent. Il y a eu une "hystérisation" des pays du Sud, gonflée par les 1 800 journalistes accrédités, plus une telle batterie d'ONG...» Un directeur adjoint nuance : «J'en reviens toujours pas de l'hypocrisie européenne et américaine : cette capacité à faire croire qu'ils cèdent des miettes pour mieux bouffer du gâteau global...»
Dans les bureaux, on peut voir la couverture de The Economist post-Cancun : un cactus en forme de doigt d'honneur. Le cactus mexicain a disparu, les épines restent... comme celle relative aux moyens hu