C'est une sacrée bataille juridique et boursière qui a été remportée hier: des milliers de petits actionnaires putschistes d'Eurotunnel ont arraché au tribunal de commerce de Paris la convocation de l'assemblée générale extraordinaire que refusait la direction (Libération du 2 décembre). Au terme de la loi de 2001 sur les nouvelles régulations économiques (loi NRE), sollicitée hier pour la première fois, il fallait à ces mécontents réunir au moins 5% du capital de la société pour avoir le droit de convoquer cette fameuse AG contre 10% auparavant. Or, selon les calculs de Me Duparc, huissier de justice mandaté pour compter les voix des contestataires, ce plancher est nettement dépassé avec un total de 7,99% des actions.
Trio inédit. Sur le banc des plaignants, un trio inédit boit du petit lait: côte à côte siègent en bonne entente Nicolas Miguet, l'homme d'affaires très à droite qui est parvenu à fédérer des centaines d'actionnaires furieux à travers ses journaux et sites boursiers, Pierre Cardo, député UMP candidat à un poste d'administrateur du tunnel, et Maxime Gremetz, député PC venu défendre les économies des petits actionnaires, au nom de la mission d'enquête parlementaire menée avec son collègue de l'UMP.
Après un délibéré de deux heures, le tribunal rend finalement son verdict, favorable aux petits actionnaires. Un cas d'école qui risque de faire tache d'huile dans d'autres grands groupes cotés en Bourse dont la gestion est régulièrement contestée par les petits porte