Dans le programme de privatisation de Raffarin, à son arrivée à Matignon, les sociétés d'autoroutes figuraient en bonne place, aux côtés d'Air France ou d'Aéroports de Paris. Le dossier semblait techniquement assez simple, et politiquement indolore, puisque le gouvernement Jospin avait ouvert le bal en ouvrant le capital des Autoroutes du sud de la France (ASF).
Un an et demi plus tard, la privatisation d'Air France est fin prête, mais le dossier Autoroutes s'est transformé en un vrai sac de noeuds, avec une guerre ouverte entre le ministère des Transports et Bercy. Le ministère de l'Economie plaide, depuis le début, pour une cession des sociétés autoroutières. Suscitant l'opposition croissante de Gilles de Robien, qui n'a pas un sou pour financer les infrastructures ferroviaires, routières et fluviales, et qui compte sur les dividendes versés par les autoroutes à l'Etat actionnaire pour payer l'aménagement de la France dans les vingt prochaines années. Après avoir déjà repoussé deux réunions interministérielles censées trancher le sujet, Matignon avait fixé un dernier rendez-vous, mardi soir, à Francis Mer et Gilles de Robien. «Après un an et demi, il est temps que le dossier soit tranché», s'impatientait Bercy. Las, la rencontre est une nouvelle fois tombée à l'eau. Officiellement, ce sont les intempéries qui ont contraint Matignon à vaquer à d'autres urgences. A moins que les bisbilles toujours vivaces entre Mer et Robien n'aient une nouvelle fois forcé à botter en touche.