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Libération

Le Moulin-Rouge les préfère muettes et étrangères.

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Les danseuses ne réclament rien, par peur de perdre leur carte de séjour.
publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Le conflit social au Lido révèle des pratiques générales dans le monde du cabaret. A côté des grands noms, une centaine de petites salles proposent ce genre de spectacle dans la capitale, sans aucune garantie quant aux conditions de travail des salariés. «Nous les encourageons à faire signer des contrats aux danseurs», indique simplement la déléguée générale de la chambre syndicale des cabarets, qui compte 700 adhérents. Et au célébrissime Moulin-Rouge ? Apparemment, tout va bien dans la maison du pied de la butte Montmartre. La nouvelle revue marche fort, le chiffre d'affaires progresse. Pourtant, le Moulin ­ qui appartient, comme le Lido, à la famille Clérico ­ a connu, lui aussi, des convulsions sociales à la fin des années 90. Le conflit entre la direction, les artistes et les techniciens s'est soldé, en 2000, par un accord d'entreprise passé avec les salariés. Deux délégués syndicaux sont partis contre espèces sonnantes et trébuchantes. Et depuis, les danseuses se taisent.

«Elles ont peur du chantage au non-renouvellement de contrats», explique Michel Mironoff, machiniste de la CGT. Comme au Lido jusqu'à cette année, de nombreuses étrangères sont employées avec des contrats courts. Les plus jeunes s'en accommodent très bien, elles tournent d'un cabaret à l'autre. D'autres restent plusieurs années et s'installent dans la précarité. «La majorité sont des Australiennes et des Russes. Elles n'osent pas demander un CDI, raconte une danseuse sous couvert d'anonymat. Elles save