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Interview

«Leur carrière se termine à 40 ans»

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publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Denys Fouqueray est membre du Syndicat français des artistes et interprètes (SFA-CGT).

La pratique de contrats courts renouvelés, comme cela se faisait au Lido, est-elle généralisée dans le monde du spectacle ?

Certaines entreprises de spectacle usent et abusent de l'intermittence et de contrats courts, alors qu'elles pourraient avoir recours à des permanents. Dans des compagnies, les contrats de travail sont faits n'importe comment et ne correspondent pas à la réalité. Par exemple, les gens sont déclarés à mi-temps alors qu'ils sont là toute la journée. Ils complètent leur salaire en touchant le chômage. Certains profitent aussi de la présence d'étrangers pour faire du dumping social. Ils payent des artistes très en dessous des minima conventionnels. Le phénomène est accentué chez les danseurs, qui se déplacent beaucoup et se syndiquent peu.

La précarité de l'emploi est-elle plus forte chez les danseurs ?

Le problème spécifique des danseurs est que leur carrière est très courte. Ils sont prêts à tout accepter, jusqu'au jour où ils sont cassés et arrivent à l'âge de la «retraite», vers 40 ans. Beaucoup vivent dans la peur de perdre leur emploi s'ils se mettent à revendiquer. Ils savent qu'on n'a même pas besoin de les mettre dehors, il suffit de ne pas renouveler leur contrat. Dans les variétés et la comédie musicale, c'est encore un peu de l'abattage : on pressurise les artistes avec des journées interminables, les accidents du travail sont de plus en plus fréquents. Arrivés en