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Plumes de guerre au Lido

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Cadences infernales, statut précaire: pour la première fois, des danseurs du plus grand cabaret parisien ont osé revendiquer. La dernière revue vient de se monter sans eux.
publié le 8 décembre 2003 à 2h14

Ya des rivières de strass, des montagnes de plumes d'autruche et des kilos de perles sur des corps nus. Y a des porte-jarretelles et des strings, des bas (noirs) sur des jambes forcément interminables. Y a un temple indien qui se déplie, des chevaux qui crachent de l'eau à 8 mètres, 23 décors. Et surtout, y a du Bonheur, titre de la nouvelle revue du Lido présentée aujourd'hui. Mais parmi les filles et les garçons au sourire radieux, il n'y aura ni Angela, ni Caroline, ni Amber, ni Frank, ni aucun des meneurs de la révolte contre la direction. Tous licenciés il y a un an, une quinzaine d'artistes attendent le procès qui les opposera, en janvier, au prestigieux cabaret parisien. Officiellement, ils ont été remerciés pour «raisons artistiques liées au nouveau spectacle». Traduction : on les trouve trop vieux ou plus assez bons pour lever la jambe. En réalité, le Lido s'est débarrassé des frondeurs qui ont osé contester une gestion du personnel très vieille école. Une première dans le petit monde du cabaret où, depuis des lustres, les danseuses sont belles et se taisent.

Une petite troupe de «frondeurs»

Eva, 1,78 m et de longs cheveux roux, ne regrette rien, ni le combat mené ni son statut de star. «Vu du dehors, c'est un boulot très glamour.» Eva et Julie (1) ont passé cinq ans sur la scène du Lido. En montant sur les planches du «plus classe» des cabarets français, ces deux Anglaises de 34 ans ont réalisé leur rêve. Six jours sur sept et deux fois par soirée ­ 21 h 30 et 23 h 4