«Dans la banque depuis trente ans, je suis passée par tous les stades : du guichet à la direction d'une agence. Aujourd'hui, je m'occupe des clients fauchés ou peu argentés. Les riches et ceux qui ont du patrimoine, c'est pour ma voisine. Moi, je reçois les Africains. Je suis souvent, pour eux, leur seule famille en France. Ils me font confiance pour tout. Ils me font remplir leurs chèques pour le loyer ou l'électricité, ils ne retirent jamais d'argent si je ne suis pas là, m'apportent fièrement leur paie tous les mois et me présentent leur femme quand elle arrive du pays. Ils ne savent souvent ni lire ni écrire, signent d'une croix et, n'ayant pas la même culture de l'argent que nous, ne comprennent pas vraiment ce qu'est une banque. Malheureusement, nombre de banquiers peu scrupuleux, ne regardant que leur commission, font signer à ces clients fragiles ouverture de plan d'épargne en actions ou autres placements auxquels ils ne comprennent rien.
«Nous avons aussi nos habitués au scandale, ceux qui viennent tous les jours et râlent pour tout. Plus nous restons calmes, plus ils s'énervent. Nous nous les refilons de bureau en bureau jusqu'à ce qu'à bout, le directeur les flanque dehors. Toujours plus nombreux, les toxicomanes, eux, arrivent toujours très agressifs et réclament de l'argent presque avec le couteau sous la gorge. Avec certains clients, dire «non» devient très dangereux. Il m'est arrivé, ce matin encore, de me faire traiter de tous les noms et d'être menacée : "De