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Salarié, médecin, DRH: dialogue de sourds

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Le cadre s'arrête avant d'exploser, le médecin fait confiance au malade, et le DRH fait la chasse à l'absentéisme.
publié le 15 décembre 2003 à 2h20
(mis à jour le 15 décembre 2003 à 2h20)

Salarié, médecin, DRH : l'arrêt maladie est une relation triangulaire conflictuelle. L'entreprise soupçonne le médecin d'être laxiste et le salarié de rallonger son week-end par une maladie simulée. Médecins et salariés, eux, reprochent à l'entreprise de ne pas comprendre que ses impératifs de rentabilité et ses contraintes temporelles peuvent nuire à la santé.

Lucie(1), 50 ans cadre bancaire

«Depuis des années, je me fais arrêter trois à quatre jours par an pour éviter d'exploser. Cela survient souvent après une période de forte tension, quand la hiérarchie nous pressurise et qu'il y a une sale ambiance. Il y a quelque temps, j'avais une chef folle furieuse. Un jour, à un moment déjà très tendu où on bossait comme des fous, elle a répercuté la pression qu'elle subissait sur moi, par document interposé. Je venais de lui rendre un rapport, elle a fait des corrections partout, contestant chacune de mes phrases. J'ai piqué une grosse colère, hurlé dans le bureau. La secrétaire m'a dit : "Prenez du recul, sinon vous allez faire une bêtise." Je suis partie en plein après-midi. Soit je m'arrêtais, soit je lui sautais à la gorge. Maintenant, je n'attends plus d'être aussi près de la rupture. Quand il y a une phase de surcharge, j'assure jusqu'à ce que ça se libère, puis, si besoin, je m'arrête. Mon médecin ne me fait aucune difficulté, il faut dire que quand je suis dans cet état de stress, c'est physiquement mesurable : j'ai des palpitations, ma tension chute. Parfo