Marseille correspondance
Cinq heures du matin, avis de vent d'est prévu pour le lever du jour. Mohamed Mzoughi et son matelot décident de partir quand même : «On ne peut pas se permettre de perdre encore une journée. Nous, c'est pas comme les paysans. On ne touche pas de subvention européenne.» Parmi les pêcheurs de Marseille, Mohamed Mzoughi est plus connu sous son surnom, Baggi, du nom du village de Tunisie dont il est originaire. «Mais c'est en France que j'ai commencé la pêche, à 16 ans. C'était il y a plus de vingt-cinq ans. A cette époque, c'était encore un métier d'avenir. Maintenant, c'est complètement fini...»
High-tech. Le chalutier quitte lentement la rade de l'Estaque, ce petit quartier à l'extrémité ouest de Marseille qui accueille les bateaux des pêcheurs depuis que le Vieux-Port est réservé à la plaisance. Les yeux rivés sur ses écrans de contrôle, l'homme dirige sa vieille embarcation. «Entre le moteur refait à neuf et toute l'électronique, j'en ai eu au moins pour trois millions de francs d'investissement !» Sur sa table, logé dans une sorte de vieille boîte à perceuse, l'écran d'un ordinateur portable scintille. Toute la côte marseillaise s'y dessine grâce au GPS. Vers 5 h 30, Marseille est encore bien en vue, c'est le moment de jeter les filets. Sans s'accrocher, au risque d'être sans cesse éjectés, les deux hommes accomplissent leur tâche en silence. Ensuite, il n'y a plus qu'à attendre. Le temps que les filets, tirés à 3,5 noeuds, se remplissent.
Bien sûr,