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Libération

«C'est le show à toutes les récrés»

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Profs et conseillers pédagogiques analysent l'influence de la téléréalité.
publié le 22 décembre 2003 à 2h26

La scène se passe dans la cour de récréation du lycée Jean-Lurçat, à Paris (XIIIe arrondissement). «Au moindre rayon de soleil, on est bon, raconte le proviseur, Gilbert Longhi. Les filles se regroupent en ligne. Il y a la metteuse en scène, qui fait des grands gestes comme un chef de chantier face à une pelleteuse. Et ça chante et ça gigote, la chorégraphie vue la veille à Star Academy ou Popstars. C'est le show à toutes les récrés.» Pour ces enfants de la classe moyenne et d'ouvriers, le désir de célébrité est un rêve répandu. «Ils ne parlent pas d'argent, mais du plaisir qu'il doit y avoir à monter sur scène et à être aimé, poursuit Gilbert Longhi. Quand vous les taquinez, ils vous disent : "Et pourquoi pas, Monsieur, peut-être qu'un jour je serais sélectionné." Ils veulent qu'on les laisse croire au Père Noël.»

Dans un collège de la région de Dijon, une professeur de Français a posé la question à deux classes de troisième : «Aimerais-tu exercer un métier dans le milieu du spectacle ?» Sur 46 élèves, 28 ont répondu «oui». Les raisons : «être reconnu dans la rue», «gagner beaucoup d'argent», «tout le monde vous admire». «C'est propre à l'adolescence de rêver d'un destin magique, analyse Danielle Pourtier, présidente de l'Association des conseillers d'orientation-psychologues. La téléréalité encourage ce penchant. Le problème, c'est que ceux qui viennent nous voir avec ce type de désirs sont souvent ceux qui sont les plus mal dans leur peau ­ et les moins dégourdis artistiqu