La scène se passe dans la cour de récréation du lycée Jean-Lurçat, à Paris (XIIIe arrondissement). «Au moindre rayon de soleil, on est bon, raconte le proviseur, Gilbert Longhi. Les filles se regroupent en ligne. Il y a la metteuse en scène, qui fait des grands gestes comme un chef de chantier face à une pelleteuse. Et ça chante et ça gigote, la chorégraphie vue la veille à Star Academy ou Popstars. C'est le show à toutes les récrés.» Pour ces enfants de la classe moyenne et d'ouvriers, le désir de célébrité est un rêve répandu. «Ils ne parlent pas d'argent, mais du plaisir qu'il doit y avoir à monter sur scène et à être aimé, poursuit Gilbert Longhi. Quand vous les taquinez, ils vous disent : "Et pourquoi pas, Monsieur, peut-être qu'un jour je serais sélectionné." Ils veulent qu'on les laisse croire au Père Noël.»
Dans un collège de la région de Dijon, une professeur de Français a posé la question à deux classes de troisième : «Aimerais-tu exercer un métier dans le milieu du spectacle ?» Sur 46 élèves, 28 ont répondu «oui». Les raisons : «être reconnu dans la rue», «gagner beaucoup d'argent», «tout le monde vous admire». «C'est propre à l'adolescence de rêver d'un destin magique, analyse Danielle Pourtier, présidente de l'Association des conseillers d'orientation-psychologues. La téléréalité encourage ce penchant. Le problème, c'est que ceux qui viennent nous voir avec ce type de désirs sont souvent ceux qui sont les plus mal dans leur peau et les moins dégourdis artistiqu