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Libération
Interview

«On ne peut pas en vouloir aux jeunes de rêver»

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Bernard Malrieu, de l'ANPE spectacle
publié le 22 décembre 2003 à 2h26
(mis à jour le 22 décembre 2003 à 2h26)

Bernard Malrieu est responsable de la formation à l'ANPE spectacle à Paris.

Comment ressentez-vous les effets des émissions de téléréalité ?

Depuis deux ans, on a de plus en plus de demandes complètement déconnectées de la réalité. Il y a quelques jours, deux jeunes filles de 17 ans ont débarqué dans mon bureau en m'interrogeant sur comment faire carrière dans la chanson. Aujourd'hui, j'ai reçu deux garçons qui voulaient s'inscrire à l'ANPE spectacle alors qu'ils n'ont jamais exercé la moindre activité artistique. Je leur ai expliqué que l'inscription était réservée aux professionnels qui ont effectué leurs 507 heures de travail dans l'année. On prend le temps de leur parler, car il y a finalement peu de lieux en France pour les renseigner. La télévision leur offre un fantasme : être connu et reconnu. Ils ont envie d'y croire, de s'identifier, d'autant plus que les candidats à ce type d'émissions sont rarement plus doués qu'un jeune lambda.

Faut-il se méfier des écoles de comédie musicale et autres «prépas "Star Academy"» qui se montent ?

Bien sûr, il y a des escrocs qui profitent de la mode. Mais la vraie arnaque est générale : c'est faire croire qu'il y a des débouchés alors qu'il n'y en a pas. Avec la réforme de leur statut, les conditions n'ont jamais été aussi difficiles pour les professionnels du spectacle. Sur 24 000 inscrits chez nous, à peine la moitié travaillent. Ils n'ont plus qu'une obsession : faire leur quota d'heures pour avoir l