Dibrugarh (Assam, Inde) envoyé spécial
«Nous n'avons plus rien : ni salaire, ni hôpital, ni école», se lamente Saber devant la grille cadenassée de Messamara, une plantation de thé de l'Etat d'Assam, dans le nord-est de l'Inde. «La plantation a fermé il y a deux ans, alors, depuis, nous essayons de la gérer seuls en revendant les feuilles de thé aux usines alentour, mais nous ne touchons au mieux que 30 roupies (55 centimes d'euros) par jour, ce qui est bien trop peu pour nourrir nos familles», ajoute le quinquagénaire en se tenant le ventre. S'étalant sur 700 hectares, Messamara est l'une des quatorze plantations abandonnées ces dernières années par l'Assam Tea Corporation (ATC), une entreprise publique victime de la crise qui frappe le thé indien. Le bilan social est lourd : 15 000 ouvriers abandonnés à leur sort, sans aucune assurance sociale puisque, en ce qui concerne l'industrie théière, les employés sont normalement assurés par les plantations elles-mêmes. «Au moins vingt personnes sont mortes depuis la fermeture, car nous n'avons accès à aucun soin, et de toute façon nous ne pouvons pas payer les médicaments», affirme Saber.
Chute de l'URSS. Conséquence de la mondialisation, l'industrie indienne du thé traverse depuis quelques années une grave crise. Peu productive, elle a en effet le plus grand mal à faire face à la concurrence de plus en plus forte sur le marché international, ce qui se traduit par une chute vertigineuse des exportations. En quelques années, l'Inde e