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Libération

J'irai apprendre sur vos tombes

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publié le 5 janvier 2004 à 21h42

Chaque premier lundi du mois,

une formation au banc d'essai. Aujourd'hui, assistant funéraire.

Ils sont onze, huit femmes et trois hommes, assis en U dans une salle de cours. Ils regardent une vidéo, les yeux fixes, le visage crispé. A la télévision, un homme pleure. «Pourquoi c'est elle qui est partie ? Pourquoi pas moi ? Elle mériterait de voir la joie des enfants.» Ensuite, une jeune fille : «Ma mère ne pouvait pas mourir. C'est pas possible, c'était ma mère.» Silence dans la petite salle aux murs blancs. Une grande femme brune se lève, éteint le poste. Marie-Frédérique Bacqué est docteur en psychologie. Elle anime une journée de formation sur le deuil préparant au diplôme d'assistant funéraire (1), obligatoire depuis 2001 pour tous ceux qui travaillent ou souhaitent travailler dans une entreprise de pompes funèbres. Elle parle d'une voix douce, en souriant : «Vous allez rencontrer des gens épuisés, au bout de l'insomnie. La mort est taboue, ils ont besoin d'en parler et ils ne peuvent pas. En organisant les obsèques, vous leur offrez un rite qui leur permet d'exprimer leurs émotions. C'est très important. Vous êtes les témoins du passage.»

Hochements d'approbation. «Le plus dur, c'est quand on ferme le cercueil et que le corps s'en va», dit un quadragénaire aux épaules larges. Hervé (2) a monté son entreprise de transport des corps il y a plusieurs années. Sa voisine, Julie, 26 ans, est au contraire «nouvelle venue dans le funéraire». «J'ai été hôtesse d'accueil à l'hôpital