Pour qualifier la reprise économique, les économistes hésitent entre «molle» et «fragile». C'est le résultat de la dernière enquête mensuelle mesurant le moral de dix spécialistes de la conjoncture menée par Libération. Reprise, c'est certain. En décembre, l'indice synthétique du moral des conjoncturistes (Ismoc) grimpe pour le sixième mois consécutif, passant de 8,7/20 en novembre à 9,7/20 (1). Et, après une année 2003 à la croissance quasi nulle, la moyenne des prévisions des dix panélistes s'établit à 1,5 % pour 2004. Plus encourageant, deux économistes envisagent une stabilisation du taux de chômage dans les mois à venir, rompant ainsi l'unanimité qui prévalait depuis douze mois sur son augmentation continue.
Rouge. Mais ce léger mieux ne déclenche pas non plus un enthousiasme démesuré. «La reprise est bien là, mais elle restera molle», estime Marc Touati, des Banques populaires, qui rappelle qu'«au-delà de la suppression des statistiques de nombreux chômeurs en fin de droit, les perspectives d'emploi, en particulier dans l'industrie, sont toujours dans le rouge». La plupart des spécialistes pointent la fragilité d'une reprise «trop dépendante de l'environnement international», comme le souligne Philippe Waechter (Natexis). Et notamment de la croissance soutenue aux Etats-Unis et en Asie. Tous soulignent la faiblesse de la demande interne dans la zone euro, avec une consommation «très volatile, mais qui reste plate en moyenne», selon Anne Beaudu, du Crédit agricole. «Pour