C'est l'angoisse du moment, partagée par le gouvernement et le patronat: les Français auraient perdu le goût du travail avec les 35 heures. C'est plus compliqué, explique une étude sur «la place du travail dans l'identité» des actifs (1), publiée mercredi par le ministère du Travail. Deux tiers des personnes interrogées estiment que le travail est «assez important mais moins que d'autres choses» (vie familiale, vie personnelle et vie sociale). Si les Français placent le couple et les enfants avant le travail, cela ne signifie pas qu'ils sont devenus de gros fainéants. Des RTT pour buller sur une plage ou jouer au foot ? Non. «Le travail ne s'oppose pas aux loisirs», souligne Dominique Méda, coauteure de l'étude. Quand un salarié demande une RTT ou un temps partiel, c'est souvent pour consacrer du temps à sa vie familiale ou personnelle. «Vivre en couple, d'une part, et avoir des enfants, d'autre part, va systématiquement de pair avec une moindre importance accordée au travail», souligne l'étude. C'est particulièrement vrai pour les femmes. Plus elles ont d'enfants, plus elles s'éloignent du travail. Mais, conséquence de la persistance des inégalités professionnelles, les hommes travaillent d'autant plus qu'ils ont des enfants... Courage, fuyons !
L'effet génération joue aussi : les jeunes accordent moins d'importance au travail que les plus âgés. Près de 70% des 18-25 ans jugent que «le travail est assez important mais moins que d'autres choses» contre 51 % des plus de 60 ans