Monswiller (Bas-Rhin) envoyé spécial
«Stop au pillage par notre actionnaire Texon !» La banderole, accrochée sur le fronton de l'entreprise Esjot-Goldenberg, de Monswiller, près de Saverne (Bas-Rhin), est immanquable. Depuis le 21 octobre, les 92 salariés de cette entreprise prospère qui affichait un résultat net de deux millions d'euros en 2002 sont entrés en résistance. Ce jour-là, sans en aviser son actionnaire, leur directeur Daniel Lereau s'est rendu au tribunal de grande instance de Saverne. Contre toute attente, il y a déclaré Esjot-Goldenberg en cessation de paiement et déposé le bilan. Un paradoxe. L'entreprise, qui fabrique depuis les années 50 des embouts en acier pour chaussures de sécurité, est en effet le leader mondial de cette «niche», avec 35 % des parts de marché. La raison de ce dépôt de bilan est totalement atypique : placée depuis trois mois sous le contrôle d'un administrateur judiciaire, avec une trésorerie sous surveillance, l'usine de Monswiller échappe ainsi à l'appétit vorace de son actionnaire britannique Texon. Dans la foulée, les employés du site ont aussi refoulé Christian Guillaume, le nouveau président d'Esjot-Goldenberg nommé par l'actionnaire anglais en novembre, qui n'a toujours pas mis les pieds dans l'entreprise qu'il est censé présider.
«Vache à lait». Depuis qu'elle a racheté Esjot-Goldenberg à un industriel allemand, en 1999, la firme britannique qui contrôle dix-huit entreprises spécialisées dans les composants de la chaussure a en