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Libération

La Chine en verre et contre tout

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La verrerie Arc International (ex-Cristal d'Arques) a lancé une usine près de Shanghai. Cette délocalisation laisse perplexes les 12000 employés du site historique dans le Pas-de-Calais.
publié le 12 janvier 2004 à 21h55

Nanjing (Chine), Arques (Pas-de-Calais), envoyé spécial.

Un mélange d'inquiétude et de fierté, de résignation et d'admiration. Les employés d'Arc International (ex-Verrerie Cristallerie d'Arques) ne cachent pas leur trouble devant le lancement d'une usine en Chine. En avril, les premiers verres sont sortis des moules à Nanjing, au nord de Shanghai. Pour les plus optimistes, cette nouvelle implantation permet d'ouvrir les portes du marché asiatique, au moment où les ventes faiblissent dans les pays occidentaux. Pour les plus pessimistes, l'entreprise se jette dans la gueule du loup : les verres produits en Chine, avec une main-d'oeuvre dix fois moins coûteuse, vont concurrencer le site historique à Arques, dans le nord de la France, et ses 12 000 employés.

Selon la vision qu'on a des choses, un chiffre fait plaisir ou fait pâlir : en décembre, l'usine chinoise a atteint le même rendement que le site d'Arques, né au XIXe siècle. «Pour des gens qui ont juste quelques mois d'expérience, c'est absolument impressionnant, constate Jacques Parissaux, le directeur général. Sur les 600 employés chinois, 590 n'avaient jamais vu une goutte de verre en fusion.» Pour former la main-d'oeuvre locale et mettre en route l'usine, la direction d'Arc International y a dépêché 250 employés français (lire page III). «Ce sont aussi 250 témoins», estime Jacques Parissaux. Qui aident la direction à vaincre les doutes ou les réticences des salariés français. «Ils ont vu la vitesse à laquelle les gens qu