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Libération

Géorgie, immense bazar de la contrebande.

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publié le 13 janvier 2004 à 21h57

Ergnepi, envoyée spéciale.

Plus ou moins rouillées, ce sont des dizaines de citernes, puis des centaines de petites échoppes qui vendent tout et n'importe quoi, le plus souvent importé en fraude de Russie, à des prix imbattables : 95 tétris le litre de super (36 centimes d'euro), 1 euro la boîte de caviar, 50 centimes d'euro le litre de vodka... Juste à la frontière entre la Géorgie et l'Ossétie du Sud, région de Géorgie qui s'est autodéclarée indépendante, l'immense bazar d'Ergnepi est une belle illustration du délabrement complet d'un pays qui veut tenter aujourd'hui, après sa «révolution de la rose», de se redresser.

Bakchichs. «Ici, on ne paie pas d'impôts», avoue Zoura, petit caïd local du pétrole, servant les voitures à même sa citerne à l'aide d'un tuyau bricolé maison. A la pompe, à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, ce super devrait coûter au moins 1,05 laris. Ici, à une petite centaine de kilomètres, Zoura le revend 95 tétris (1). «Un des gros problèmes de l'économie géorgienne est que nous ne contrôlons pas nos frontières», explique Vladimir Papava, ministre de l'Economie de 1995 à 2000, aujourd'hui chercheur à la Fondation géorgienne pour les études stratégiques. «Avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud qui sont de facto occupées par l'armée russe, les contrebandiers font ce qu'ils veulent.» Guia, agronome et juriste de formation, qui s'est reconverti quelque temps dans le trafic de fromage russe, confirme : «A la frontière, il n'y a pas vraiment de contrôles. Si les