Londres, de notre correspondant.
D'un trait de plume, Shell vient de perdre près de quatre millions de barils de pétrole et de gaz. Sous la pression du gendarme de Wall Street, la Securities and Exchange Commission (SEC), le groupe anglo-hollandais a dû réduire vendredi de 20 % l'estimation de ses réserves «prouvées». L'annonce, qui a surpris l'ensemble des analystes, a entraîné une chute brutale de ses actions de 7,5 % et provoqué la colère de ses investisseurs.
Les géants des hydrocarbures n'ont jamais réussi à se mettre d'accord sur la façon d'évaluer leurs réserves. La quantité exacte de pétrole ou de gaz qu'ils peuvent extraire du sous-sol dépend en effet de multiples facteurs physiques, techniques et financiers. Depuis plusieurs mois, la SEC les a mis en demeure de mettre de l'ordre dans leurs chiffres et a menacé de traquer les fraudeurs.
La Royal Dutch Shell, qui par le passé avait la réputation d'être très prudente dans ce domaine, a dû admettre qu'elle avait surestimé l'importance de ses gisements en Australie (projet Gorgon de gaz naturel liquéfié) et au Nigeria. Au total, quatre millions de barils ont été rétrogradés de la catégorie «prouvés» à «non prouvés» ou «susceptible d'être recouvrés». La conséquence sur les comptes a été immédiate. La compagnie a perdu 10 % de sa valeur et ne dispose plus que de dix ans de réserves contre treize auparavant. A titre de comparaison, ses deux principaux rivaux, BP et ExxonMobil, ont des ressources pour au moins treize ans et de