La petite histoire de l'aéronautique retiendra l'année 2003 comme celle où Airbus est arrivé à ses fins : déloger l'américain Boeing de son piédestal de numéro un mondial de la profession. Pour la première fois, le constructeur européen a produit et livré, l'an dernier, plus d'avions (lire ci-contre) que son concurrent. Dans un secteur sous perfusion depuis le 11 septembre 2001, la guerre en Irak et le vent de panique causé par le Sras avaient, en début d'année, fait craindre le pire pour la santé de l'avionneur. A la fin de l'été, et après avoir lancé un plan de réduction des coûts de 1,5 milliard d'euros jusqu'en 2006, Airbus pensait en avoir fini avec la poisse. C'était compter sans le plongeon du dollar (25 % depuis en un an), devenu le nouvel allié commercial des industriels américains.
Stoïcisme. Mais vendredi, Noël Forgeard a, bizarrement, refusé de dramatiser cette grande valse monétaire. «Un euro à 1,40 dollar ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour nous. Mais ce ne serait pas pour autant la fin du monde. »
Sur le papier, Airbus entre pourtant dans la catégorie des grandes victimes de l'euro fort : il fabrique ses avions en zone euro mais les vend en dollars. Le pire des cas. Alors, pour justifier son stoïcisme monétaire, Forgeard a fait valoir trois arguments. Un : une couverture des changes (1) maousse qui, selon lui, doit pouvoir le mettre à l'abri au moins jusqu'à début 2006. Deux : son plan de réduction des coûts. Trois : son nouvel A380, un très gros po