Rouen envoyée spéciale
«Je n'ai pas envie de devenir une distributrice de médicaments.» Au CHU Charles-Nicolle de Rouen immeubles des années 70 entourant une chapelle historique , la réflexion de Sylvie, infirmière en cardiologie, est courante. Les agents partagent tous cette même angoisse. Celle de devoir faire leur métier sous la contrainte de la rentabilité financière. «Pour l'instant, le service aux malades prime, on ne vit pas encore avec la compta sur le dos, dit Christian Friedmann, directeur général adjoint par intérim du CHU. Mais on sent que le changement est en cours.» La réforme hôpital 2007, bricolée par le gouvernement, fait craindre cette dérive aux syndicats (lire p. III). Jeudi prochain, l'ensemble des personnels hospitaliers appelle à une journée de manifestation contre cette réforme qui, selon les syndicats, va «à l'encontre d'un service public de santé égalitaire et accessible à tous». Et pour cela, ils demandent des moyens.
Les problèmes d'argent sont partout. Les budgets des hôpitaux, serrés depuis des années, avec une Sécurité sociale qui essaie de juguler tant bien que mal son déficit, ne laissent aucune marge aux gestionnaires. A Rouen, s'occuper des finances revient à «gérer la pénurie», selon les propres termes de la direction. Ces restrictions financières se font déjà sentir au niveau du matériel. En cardiologie, quand les infirmières passent des commandes de fournitures, elles n'obtiennent pas toujours le minimum indispensable pour travailler :