Bombay envoyés spéciaux
La mondialisation exacerbe les insécurités, sape les acquis sociaux, lamine les protections sociales ? A la tribune de la conférence intitulée «Mondialisation, sécurité économique et sociale», Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, jubile. Il revient sur un des «visages» méconnus de la pauvreté : l'insécurité économique. «Elle n'a jamais été dans l'agenda des politiques», des «fondamentalistes du marché», qui, pour des raisons «purement idéologiques», veulent «faire croire [que la] croissance profite aux exclus, via la création d'emplois». Dans la ligne de mire de l'ex-économiste en chef de la Banque mondiale : son ancien employeur, et surtout le FMI. «Non seulement ces institutions n'ont pas réussi à assurer la croissance, mais, en plus, elles ont fait reculer la protection sociale», fustige l'économiste néo-keynésien à l'occasion de son premier grand bain dans le Forum social mondial.
Nocivité. L'économie, dit-il, est une chose trop importante pour être «déléguée aux technocrates des banques centrales ou à ceux des institutions financières internationales». Et les modèles économiques photocopiés, selon lui, dans les pays en développement ont prouvé leur nocivité sociale. Si l'on y ajoute l'impact des politiques de l'OMC, poussée «par les Etats-Unis à souffler un vent de libéralisation accrue», le constat est sans appel. «La réalité, c'est que la vitesse de la libéralisation a été plus rapide que la vitesse de la création d'emplois», dit Stiglitz. Dis