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Libération
Interview

«Une casse sociale phénoménale»

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publié le 20 janvier 2004 à 22h08

Vous avez choisi d'être présent à Bombay, mais aussi à Davos. Pourquoi ? Je suis à Bombay pour soutenir ceux qui ne cherchent pas à se réfugier dans l'isolationnisme. Et je serai à Davos pour rappeler que le modèle actuel est inacceptable par toutes les injustices et les inégalités qu'il engendre. Nous ne sommes ni anti, ni promondialisation. Nous, syndicats, nous devons travailler dans le monde tel qu'il est, non pas tel qu'il devrait être. Or, la mondialisation a besoin d'une dimension sociale. Il faut réunir très vite une volonté politique et les capacités nécessaires pour garantir un travail décent, qui respecte les normes fondamentales du travail : liberté syndicale et de négociati on, non-discrimination, élimination du travail des enfants et du travail forcé.

Dans votre rapport annuel, vous estimez qu'il y a une relation directe entre les atteintes aux droits syndicaux et la libéralisation...

Avec la mondialisation, un nombre croissant de pays a recours à la répression antisyndicale. Notre rapport 2003 dénonce ainsi les meurtres de 213 syndicalistes. Près de 1 000 militants syndicaux blessés ou battus, 2 568 arrêtés et détenus, dont 89 condamnations à la clé, plus de 30 000 licenciés, et plus de 20 000 victimes de harcèlement. Aux Etats-Unis, le licenciement est l'arme de prédilection des employeurs pour tuer dans l'oeuf tout syndicat naissant. Au moins un militant sur dix qui tente de former un syndicat se retrouve à la porte. Ça a toujours existé, mais aujourd'hui c'es