Sablé-sur-Sarthe envoyé spécial
Dans la zone industrielle de l'Aubrée, à Sablé-sur-Sarthe, des hommes et des femmes se réchauffent autour de braseros où brûlent des palettes de bois. Certains trompent le temps en jouant aux cartes ou au Trivial Pursuit. Depuis lundi, devant l'entrée principale de l'usine Great Wall France une filiale du groupe chinois Great Wall Cybertech Limited placée en redressement judiciaire la semaine dernière , c'est la nouvelle forme d'action choisie par les salariés pour exprimer leur colère. Après avoir occupé durant un mois, faute de travail, les locaux, réveillons compris, ils ont été fermement invités à quitter les lieux et se sont mis en grève aux portes du site. Sans illusion. «On veut se faire entendre, avoir du boulot ou obtenir des reclassements. Mais après tous les mensonges de la direction, on ne croit plus à grand-chose», confie un employé de cette usine de fabrication et d'assemblage de téléviseurs de 128 salariés. Retranchée dans les bâtiments aux parois recouvertes de slogans hostiles et où quelques idéogrammes déclinent le nom de l'entreprise en chinois («la Grande Muraille»), la direction se refuse à tout commentaire.
Eloignement. C'est une histoire de délocalisation à l'envers : celle d'un groupe chinois qui investit en France pour assembler des téléviseurs bas de gamme, sous la marque Nowa. Un drôle de chassé-croisé au moment où Thomson a annoncé en novembre (Libération du 4 novembre) avoir vendu ses principales usines de télévis