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Libération

Le dieu Marché toujours vénéré

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Même si de plus en plus de congressistes reconnaissent sa responsabilité dans certains désastres économiques, personne n'envisage de réformer l'«architecture financière internationale».
publié le 23 janvier 2004 à 22h15

Davos, envoyé spécial.

Il porte un costume gris anthracite, mais pas de cravate. Il est décontracté, selon la consigne adressée aux participants du Forum économique mondial de Davos. Il vient des Philippines, travaille à Hongkong, pour le First Eastern Investment Group. «Oui, la plus grande débâcle financière depuis la crise mondiale de 1929 s'est bien produite entre septembre 2000 et octobre 2002, lorsqu'en l'espace de quelques mois plusieurs milliers de milliards de dollars sont partis en fumée...», assène monsieur Chow. Mais, aucun doute pour lui : les marchés financiers sont efficaces. Et, pour étayer sa conviction, le voilà qu'il se lance dans un interminable exposé qui se conclut par un simple : «On n'a rien sans rien, et il n'est possible de faire fortune en Bourse qu'en prenant des risques.»

Alors pas question pour lui de se ranger aux arguments de ceux qui répètent que les débâcles financières sont déclenchées par la rapacité des spéculateurs, ou encore de «l'exubérance irrationnelle» des investisseurs. Voire de la corruption des analystes financiers. Bref, le marché est si efficient que personne ne peut faire mieux que lui...

Des congressistes comme ce monsieur Chow, il y en a beaucoup à Davos. Mais forment-ils la majorité ? «Pas sûr, se risque un habitué du Forum. Prétendre que les marchés révèlent la vraie valeur du moment, qu'ils permettent aux échanges de s'effectuer sur la base du juste prix et qu'ils fournissent la meilleure réponse qui soit pour prendre des déc