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Interview

George Soros «Les altermondialistes ne sont absolument pas utopistes»

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Milliardaire américain d’origine hongroise, ce philanthrope, qui dépense plus de 500 millions de dollars par an dans une trentaine de pays, est resté un influent gourou de la finance internationale. A 74 ans, il préside toujours son «hedge fund» (fonds d’investissement spéculatif), Quantum Endowment Fund, mais passe l’essentiel de son temps à sillonner la planète.
publié le 23 janvier 2004 à 22h15

On croyait être sorti des tricheries du type Enron. Or en Italie, le scandale Parmalat vient d’éclater... A-t-on touché le fond ?

Ce qui est certain, c'est que ces affaires ne vont pas contribuer à redonner confiance dans le système. Tout le monde se demande si d'autres scandales planent au-dessus de leurs têtes.

Vous dites qu’il ne faut pas laisser le «pouvoir aux intégristes des marchés financiers» alors que vous êtes le symbole de la spéculation. N’êtes-vous pas une sorte de Docteur George et Mister Soros ?

Je comprends pourquoi les gens ont cette image de moi. Qu'ils se rassurent, il n'y a pas, d'un côté, un Docteur George et de l'autre, un Mister Soros. Je joue des rôles différents, qui peuvent apparaître contradictoires. Et d'ailleurs, pour tout dire, cela m'a longtemps posé un problème. Mais c'est du passé. Aujourd'hui, je suis une personne assez bien intégrée.

Vous voulez dire intègre ?

Non. Je dis «intégré»... J'ai réconcilié, réintégré en une seule personne les deux qui avaient du mal à cohabiter : le spéculateur et le philanthrope. Ce n'était pas de la schizophrénie. S'agissant de l'intégrisme des marchés, si, aujourd'hui, je les critique, ce n'est pas parce que j'ai des remords d'avoir été l'un des leaders de la spéculation internationale, mais simplement parce que je sais à quel point les marchés sont incapables de s'autoréguler. Attention, je ne dis pas qu'il faut en finir avec eux. Ils sont un élément parmi d'autres qui contribuent à créer de l