Personne ne résiste au virus de la fusionnite dans la pharmacie. Même ceux qui le dénoncent... Il y a tout juste un an, le patron de Sanofi-Synthélabo, Jean-François Dehecq, déclarait : «Je pense que les mégafusions sont passées de mode», tout en affirmant que celles de Pfizer et Warner-Lambert, de Glaxo et SmithKline et tant d'autres «ont très rarement débouché sur de fortes créations de valeur» (1). Aujourd'hui, le même Dehecq, toujours à la tête de Sanofi, veut partir à l'assaut d'Aventis pour une fusion rien moins que méga qui produirait le deuxième groupe mondial derrière l'américain Pfizer.
Il lui restait hier soir à convaincre son conseil d'administration. Entamée à 20 heures, la réunion se prolongeait tard dans la nuit, signe d'une dissension entre les principaux actionnaires de Sanofi-Synthélabo, Total (24 %) et L'Oréal (19 %). Selon l'agence Reuters, le conseil a finalement décidé de lancer l'offensive, une information non confirmée par Sanofi.
Chemin aléatoire. Pourquoi le groupe français veut-il gober Aventis ? Avant tout, pour cumuler les efforts de recherche et développement (R & D) des deux firmes, dans l'espoir d'épaissir le portefeuille de nouveaux médicaments susceptibles, une fois mis sur le marché, de générer des ventes supérieures à un milliard de dollars : les blockbusters. Plus de R & D, c'est l'ambition de remplir le «pipeline», le trajet emprunté par les candidats-médicaments, des premières expériences à l'autorisation de mise sur le marché, en passant