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Libération

Chez Matra, licenciés à deux vitesses.

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Les anciens sous-traitants ne bénéficient pas de la cellule de reclassement.
publié le 31 janvier 2004 à 22h27

Romorantin (Loir-et-Cher) envoyée spéciale

«Après dix-neuf ans chez Matra, on m'a mis dehors sans même un merci. C'est surtout ça qui fait mal.» Mme G., 55 ans, travaillait à la cantine de l'usine automobile de Romorantin. Dix-neuf ans de plateaux-repas, à partager la vie des ouvriers de l'usine solognote. «On servait 1 300 couverts. Mais quand l'usine a fermé, on n'existait plus.» Mme G. était payée par Sodexho, une entreprise de restauration collective. Quand Matra, le constructeur auto de Lagardère a mis la clé sous la porte, en juin 2003, 18 employés Sodexho se sont retrouvés au chômage. Idem pour 26 salariés de la société OMS, chargée du nettoyage. Mais, contrairement aux «Matraciens» (salariés du groupe), aucun d'eux ne bénéficie du plan social négocié entre les syndicats et la direction.

«Oubliés». Le battage autour de l'échec de l'Aventime, le dernier modèle Matra, et du licenciement en bloc de plus de mille salariés a laissé dans l'ombre le sort des sous-traitants. Juridiquement, les salariés de Sodexho et d'OMS ne dépendaient pas du constructeur. Et même s'ils ont côtoyé pendant des années les ouvriers de l'usine, les largesses de Matra (1,5 milliard d'euros sur trois ans) pour compenser les pertes d'emplois ne sont pas arrivées pas jusqu'à eux. Les 40 000 euros d'indemnités supplémentaires de licenciement, l'antenne de reclassement et ses 45 conseillers, ils ne connaissent pas. Car la loi et les accords professionnels n'imposent aucune obligation à la «maison mère»