L'assaut de Sanofi contre son rival Aventis se fera sans eux. «Lundi, on apprenait l'OPA, mardi nous étions en vente», lâche Jean-Michel, chauffeur de chaudière depuis vingt-cinq ans. Jean-Michel est venu avec 500 personnes, parties en car de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime), où le groupe Sanofi-Synthélabo possède une usine. Vendredi, dès 10 heures du matin, les «NDB» manifestent leur colère en squattant pendant trois heures le hall d'entrée du siège de la firme à Paris, pas très loin du ministère des Finances. «Dehecq Supermenteur», «Jean-François Dehecq, à la retraite !», «NDB, tous ensemble», scandent-ils, massés dans la pièce. Le patron de Sanofi, qui a engagé lundi son groupe dans une OPA de 48 milliards d'euro pour constituer le numéro trois mondial de la pharmacie, n'est pas dans les locaux. Un salarié joue de la cornemuse, on tape du pied et on s'assoit par terre pour pique-niquer, les W.-C. proprets sont pris d'assaut par des salariés en blouse barrés d'autocollants «déchets pharmaceutiques». Sur l'escalier menant aux bureaux de la direction, deux costards-cravates surveillent les agités en évitant soigneusement de croiser un regard trop longtemps.
Une ligne et demie. «Ce sont nos produits qui ont réussi à faire de Sanofi ce qu'il est aujourd'hui, et, maintenant qu'il y a des produits qui rapportent plus, on nous jette», dit Pascal, agent de maîtrise et salarié de l'usine de Notre-Dame-de-Bondeville depuis vingt-huit ans. Pour la direction, le raisonnement e