Au départ, ça ressemble à une banale histoire de prud'hommes. Un salarié licencié par son employeur pour cause d'incompatibilité d'humeur. Au final, cela pourrait bien se terminer par un énorme pataquès diplomatico-militaire entre la France et l'Arabie Saoudite. Car l'employeur en question n'est autre que le prince Ben Abdul Aziz, ministre de la Défense du royaume saoudien et, accessoirement, propriétaire de trois hôtels particuliers à Paris, un chalet à Megève et plusieurs résidences dans le sud de la France. Une plainte au pénal a été déposée contre lui, le 25 novembre, pour «travail dissimulé». Le prince saoudien risque deux années de prison, 30 000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction de séjour sur le territoire français. Rien de moins.
Système. Tout commence par un banal recrutement par petite annonce. Embauché par le cabinet Michael Page, Marin Roman, ex-salarié d'Alcatel, entre au service du prince Abdul en juillet 2001, pour s'occuper de la paie des employés de maison et des chauffeurs. Il ne s'inquiète pas tout de suite de ne pas signer de lettre d'embauche. Et part sur la Côte d'Azur planifier la ronde des chauffeurs, en vue du débarquement de la famille du sultan.
L'organisation des voyages privés du prince mobilise une véritable petite entreprise, pilotée depuis un bureau parisien d'une dizaine de personnes, dirigé par le général Al Kahtani, qui cumule les fonctions d'attaché militaire à l'ambassade saoudienne à Paris et de secrétaire particulier du prince (1)