Pour s'en sortir à moindre frais, l'industrie française du disque recourt à un système de débrouille avec stagiaires sous-payés et emplois très aidés, aux horaires extensibles. Un code de conduite pas toujours net, mais qui préserve les apparences glamour du milieu.
Glouton de stagiaires
Un CDI, ça coûte cher... à licencier. Vive le stagiaire passionné qui ne compte pas ses heures et bosse pour 30 % du SMIC maximum, quelques places de concert et des CD. «Sur une semaine, j'ai 15 offres d'emploi pour 25 stages», calcule Yann de l'Irma (1), centre d'information sur la musique qui fait aussi office d'ANPE bis. Des stages aux durées de plus en plus longues. Claire, 22 ans, a passé six mois en 2002 dans le label jazz d'une major. «Ils ont bien exploité ma passion pour la musique, et ils m'ont bien fait sentir la chance que j'avais d'être là.» Assistante du directeur de label, 311 euros d'indemnités, avec carte Orange et ticket resto. Au classement des plus gloutonnes, «Universal et Warner». En revanche, chez EMI, la CFDT a râlé, le ménage a été fait : la boîte tourne aujourd'hui avec 3 stagiaires sur un effectif de 350.
Cooptation
Seules les majors ont un service ressources humaines identifié. Les autres boîtes passent leurs entretiens d'embauche à la sortie des festivals, dans les soirées VIP. «75 % des emplois se font par cooptation, calcule Paul Bessone, directeur de l'Iesim, Institut d'études supérieures en industrie musicale. A l'école, nous entretenons notre réseau d'anciens.»