A la barre du tribunal, la blonde avocate d'Alcatel a calé sa grosse pile de dossiers à ses pieds, mais elle s'entête : «Je ne veux plaider que sur les exceptions d'incompétence.» En clair, elle demande le report de l'audience. Dans la salle, un ex-salarié de l'équipementier, venu tout exprès de Douvrin, dans le Nord, décrypte au quart de tour : «Elle cherche encore à gagner du temps.»
La scène se déroulait vendredi dans la petite salle du conseil des prud'hommes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Une scène identique s'était tenue en décembre devant les prud'hommes de Versailles. «C'est parce que l'affaire est énorme qu'Alcatel fait barrage comme ça», explique le défenseur de la CGT, Alain Hinot, conseiller prud'homal pour l'Union locale de Chatou (Yvelines). De fait, près de deux cents ex-salariés d'Alcatel Câble France (ACF), filiale de l'équipementier, ont assigné en quelques semaines leur employeur devant les prud'hommes (57 à Saint-Germain-en-Laye et 123 à Versailles). En attendant de nouvelles saisines.
Enchères. Tous les plaignants ont pour point commun d'avoir été licenciés par Alcatel au fil de l'année 2002 suite à l'effondrement des marchés des télécoms. Ils accusent leur employeur de les avoir privés de plan social. Michaël Rambure, 29 ans, opérateur à Douvrain, chez ACF, raconte : «On voyait bien que tout allait très mal. On dégustait avec le chômage technique. Quand une rumeur a circulé : on faisait un gros chèque à ceux qui voulaient bien partir. Et il fallait