Comme tout produit de luxe, le vin n'est pas à l'abri de la contrefaçon : depuis hier, le tribunal correctionnel de Paris se penche sur une affaire emblématique de «faux vin» qui a secoué le Bordelais. Un caviste bruxellois d'origine algérienne, Khaled Rouabah, répond de l'accusation de contrefaçon et tromperie sur la marchandise.
Fin 2000, dans l'avion qui la conduit de Paris à Bordeaux, la propriétaire de château-margaux, premier cru du Médoc, feuillette un catalogue de vente aux enchères de maître Tajan. Corinne Mentzelopoulos (héritière de l'ancienne enseigne de distribution Félix Potin) s'étonne d'y voir figurer trente bouteilles de margaux et lafite 1900. L'estimation approche les 100 000 euros, 3 200 euros la bouteille. Les lots sont accompagnés d'une «attestation de reconditionnement» d'un grand négociant bordelais, Barton & Guestier.
Transvasement. Le «reconditionnement» consiste à changer le bouchon abîmé d'un vieux flacon. Le producteur repose un bouchon neuf, éventuellement une étiquette, portant le millésime d'origine. Si le niveau du vin a baissé, une bouteille de la même année est sacrifiée et on en transvase le contenu dans les autres. Le propriétaire récupère ensuite des 1928 ou 1945 flambant neufs, qu'il peut revendre une petite fortune. Ce procédé, qui est autorisé, reste discutable pour un amateur, dans la mesure où il altère forcément le vin. Plus grave, il permet des manoeuvres, comme d'ajuster le niveau des bouteilles avec un vin plus jeune.
C'est précisé