On l'a vu à Matignon, un peu avant la campagne présidentielle de 2002, où quelques jeunes loups du PS cherchaient des pistes politiques originales. A Bombay, en janvier, avec les altermondialistes. A Bruxelles, pour tenter de convaincre le commissaire à la Société de l'information, Erki Liikanen, que le durcissement de la législation sur les droits d'auteur allait assécher les connaissances. Là, on est à l'Unesco. Il joue avec sa chaussette, en équilibre précaire au bout de son pied, quasi posé sur le bureau devant lui. C'est troublant : qui a égaré un hippie sur la banquette ? Ainsi est Richard Stallman. «Autiste», dit un proche. «Monomaniaque», selon un autre. «Visionnaire», s'accordent la plupart de ceux qui l'ont croisé. Lui se dit en «mission» pour les logiciels libres, dont il a lancé l'idée voici vingt ans.
Bénévoles. Logiciels libres ? Des programmes copiables sans limite, dont le «code source» (les secrets de fabrication) est accessible, mais aussi modifiable. Et conçu par des programmeurs partout sur la planète, dont beaucoup sont bénévoles. L'inverse des logiciels dits «propriétaires», bardés de restrictions juridiques à l'usage, comme ceux de Microsoft. Le plus connu des logiciels libres est Linux, alternative de plus en plus courue au Windows de la firme de Bill Gates.
Cela fait donc vingt ans que Richard Matthew Stallman (RMS) est en mission. Depuis 1984, date à laquelle ce brillant programmeur démissionne du prestigieux Massachusetts Institute o