Stockholm, de notre correspondant.
Que se passe-t-il dans le vertueux modèle suédois ? Les scandales, petits et gros, se multiplient. Dernier en date, celui de Skandia, cette compagnie d'assurances dont quelques grands patrons ont touché le fond ces derniers jours (lire ci-dessous). Deux d'entre eux ont passé plusieurs nuits sous les verrous, interrogés par la police (Libération du 10 février). La semaine dernière, un patron de Skandia a été retrouvé mort dans une chambre d'hôtel de Stockholm. Suicide.
La «morale travailleuse», cette marque de fabrication suédoise, subit de plus en plus d'affronts. D'emblée, Erik Asbrink, ex-ministre social-démocrate des Finances, aujourd'hui président d'une «commission confiance» mise sur pied il y a un an par le gouvernement, prévient : «Comparée aux autres pays, la Suède est parmi les moins corrompus. Mais nos problèmes sont devenus suffisamment sérieux pour qu'il faille réagir.» Lorsqu'il a commencé ses travaux, l'an dernier, Erik Asbrink s'était demandé s'il y avait vraiment une crise de confiance en Suède : «Aujourd'hui, on peut répondre "oui" sans hésiter», déplore-t-il. L'ampleur de cette crise de confiance est telle que l'un des écrivains les plus populaires de Suède, Jan Guillou, journaliste, scénariste, socialiste volontiers provocateur, prépare actuellement le Marché des voleurs, un roman sur ces patrons sulfureux. «Je veux comprendre moi-même ce qui se passe dans la tête de ces directeurs, de quelle façon cette corruption est en t