Si les pays riches veulent continuer à subventionner leurs paysans, qu'ils indemnisent d'autant les paysans des pays pauvres ! «Un mécanisme international devrait être institué» pour les dédommager «au prorata du manque à gagner», plaide la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans un rapport publié hier.
Cette compensation a été préconisée en juin par le Burkina Faso, l'un des pays d'Afrique de l'Ouest les plus touchés par les dommages collatéraux causés par les aides du Nord (notamment américaines) à ses producteurs de coton. «Un scandale international qui entrave tout développement», selon Rubens Ricupero, secrétaire général de la Cnuced. Le montant des aides au coton s'élève ainsi à 6 milliards de dollars en 2002! Perte sèche pour l'Afrique : 300 millions de dollars. De telles distorsions frappent aussi le boeuf, les produits laitiers, l'huile... Résultat : «La part de l'Afrique dans les exportations mondiales est tombée d'environ 6 % en 1980 à 2 % en 2002», relève la Cnuced.
Le premier ingrédient du mal-développement demeure la dépendance aux produits de base. Dont l'indice des prix a plongé de 50 % entre 1997 et 2001, alors qu'ils pèsent 70 % des ressources en devises. Or, rappelle le rapport, «quand le prix des matières premières chute, la baisse du pouvoir d'achat nuit à la capacité d'importation des biens d'équipement». En clair, sans revenus, les acteurs économiques ne peuvent investir et donc amorcer un processus d'industrialisat