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Libération

La FNSEA va la jouer modeste

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Le tout-puissant syndicat est empêtré dans une procédure pénale.
publié le 28 février 2004 à 23h30

La FNSEA est contrainte de faire profil bas. La procédure pénale instruite par le juge Henri Pons, qui vaut à l’ancien président de la Fédération, Luc Guyau, une mise en examen pour abus de biens sociaux, ne cherche pas à faire taire le principal syndicat agricole, mais plutôt à l’empêcher de parler au nom de l’ensemble des agriculteurs. L’enquête vise les taxes parafiscales versées par les céréaliers français, au nom de l’intérêt général de la filière, mais gérées par des satellites de la FNSEA. Une part non négligeable (plusieurs dizaines de millions de francs) a atterri dans les caisses de cette dernière ou celles de ses branches professionnelles, comme l’AGPB (producteurs de blé). Qu’importent les bretelles de dérivation : financement des locaux à Bruxelles, de son 50e anniversaire (en présence de Jacques Chirac), de sa branche éleveurs (CNA), sous prétexte de solidarité entre filières...

Dans sa logique corporatiste, la FNSEA s'est longtemps prétendue syndicat unique, d'où sa propension à confondre argent public et intérêts privés. Le récent cri du coeur de Luc Guyau ­ «nous n'avons pas piqué dans la caisse» ­ démontre qu'il n'a toujours pas compris que les temps changent : avec le pluralisme syndical (Confédération paysanne, Coordination rurale...), la FNSEA (53 % aux dernières élections) ne peut plus prétendre tout régenter, tout distribuer. Mais la complaisance gouvernementale l'y encourage : les différents ministres de l'Agriculture (sauf le socialiste Jean Glavany,