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Libération
Interview

«En manque d'héritage social»

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publié le 1er mars 2004 à 23h32

Comme le dit Jamel Debbouze, «l'ascenseur social est resté bloqué au sous-sol et ça pue la pisse» (1). Pour trouver leur place dans le monde du travail, les habitants des cités rencontrent bien plus de difficultés que le reste de la population, selon une étude du ministère du Travail publiée ce mois-ci (2). Ils cumulent tout ce que l'entreprise considère comme des handicaps : ils sont plus jeunes, moins formés et plus souvent de nationalité étrangère. La proportion de familles nombreuses ou monoparentales est également plus élevée. Les habitants des quartiers difficiles n'ont pas ou peu profité de la reprise de la fin des années 90, ils sont deux fois plus nombreux à connaître le chômage (25 % en 1999 contre 14 % dans les villes environnantes). Interview du sociologue Stéphane Beaud, qui a récemment publié avec Michel Pialoux Violences urbaines, violence sociale (3).

Pourquoi le «jeune à casquette» fait-il peur à l'entreprise ?

Les cités sont de plus en plus des zones d'habitat où personne ne veut aller. Durant quinze ou vingt ans, ces jeunes, non ou peu diplômés, ont connu pour seule socialisation celle des cités, avec ses habitudes ou non-habitudes de travail. Leur façon d'être, leur appartenance à la cité (nom, faciès, habit) les desservent aujourd'hui. Ils connaissent peu les nouvelles normes de travail et les codes qui ne s'apprennent pas à l'école. Or, les entreprises les jugent au nom d'une «employabilité» aux critères flous et subjectifs, comme le savoir-être. Par ce b