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Libération

La galère des bergers sans terre

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Les jeunes peinent à s'installer malgré la pénurie d'éleveurs de brebis.
publié le 6 mars 2004 à 23h37

Digne-les-Bains, envoyée spéciale.

Un pis se dérobe, le seau tangue et la brebis s'en va. Frédéric, en deuxième année de brevet professionnel agricole, soupire. Et se fait charrier par sa prof : «Alors toi, tu trais la brebis à deux mains, comme dans la Petite Maison dans la prairie ?» L'enseignante le sait : «Certains élèves débarquent en lycée agricole parce qu'ils ont une vision idéalisée de la nature.»

Alors que cette édition du Salon de l'agriculture a fait de la promotion des métiers agricoles une de ses priorités, la Fédération nationale ovine (FNO) est en pleine campagne de recrutement. Avec un slogan choc ­ «L'agneau on y croit !» ­ et des chiffres à faire pâlir d'envie les céréaliers de la Beauce : selon la fédération, le revenu des 50 000 éleveurs ovins français a bondi en moyenne de 13 % en 2000 et de 40 % en 2001, aidé par la crise de la vache folle. Le vrai chiffre marquant, c'est la chute du nombre d'éleveurs de brebis : quand deux d'entre eux partent à la retraite, seul un jeune prend la relève. Et aujourd'hui, environ 40 % des éleveurs encore en activité ont dépassé les 50 ans. «On a perdu 1 million de brebis en quinze ans, déplore Serge Préveraud, éleveur de Poitou-Charentes et secrétaire général adjoint de la FNO. Cette année, les éleveurs français n'ont produit que la moitié des besoins en agneaux du marché national. Il y a donc des débouchés.»

«Pas des farfelus».

Sur les 200 élèves du lycée agricole de Carmejane, près de Digne-les-Bains, un quart seulement a